Tomorrowland # 11 - REX du salon BIMWorld
Bonjour à tous,
Le BIMWorld, la rencontre annuelle des acteurs du BIM et des nouvelles technologies, a eu lieu le mercredi 2 et le jeudi 3 Avril à Paris.
Aujourd'hui, je souhaite vous partager mon retour d’expérience (REX) sur cet événement majeur du secteur.
Bonne lecture !
REX du salon BIMWorld 2025
Avant de vous faire part de mon retour d'expérience sur cet événement, je me demande si vous connaissez tous le BIMWorld.
Le BIMWorld c’est le salon international du Building Information Modeling (BIM) qui a lieu chaque année à Paris. Pendant deux jours intenses, il rassemble éditeurs, entreprises et clients désireux de digitaliser le secteur du BTP. Le salon met en avant le BIM et ses technologies associées comme le scan 3D, le jumeau numérique, les plateformes numériques et les logiciels de conception. On y trouve aussi des retours d'expérience de clients sous forme de conférences.
C’est “the place to be” si vous travaillez dans le secteur des innovations pour le BTP.
Alors, le salon BIMWorld 2025 c’était comment ?
Étiez-vous au courant que le BIMWorld célèbre son 10e anniversaire cette année ?
Et oui, la première session a eu lieu le 25 mars 2015 :
Quand on voit les images d’archives, on se rend compte de l’évolution de la technologie en 10 ans !
Pourquoi n'avons-nous pas mis cet élément en avant au salon ?
On pourrait se dire que l’annonce du livre “Le BIM a plus de 10 ans… Quels enseignements en tirer ? pourrait faire écho aux dix ans de BIMWorld.
En réalité, le BIM était déjà présent en France dès 2013-2014.
Par contre, celui qui a marqué cette 10ème édition, c’est bien Cyriaque Rios, président fondateur de Resolving.
Faire installer une porte des étoiles quand même !
Allez, c’est parti pour ce retour d’expérience :
Un salon vide : Crise immobilière ou Prise de conscience ?
La porte des étoiles était impressionnante, mais j'ai été vraiment surpris par l'affluence au salon.
Par toutatis où sont-ils donc passés !??
Le salon était “vide” par rapport à d’autres années ! Je me souviens d'une époque où il était très difficile de se déplacer dans les allées.
Et ce constat a été partagé par des maîtres d'ouvrage et des maîtres d'œuvre avec qui j'ai pu discuter. D’ailleurs, plusieurs d’entre eux qui gèrent plusieurs millions de m² sous actifs m’ont indiqué qu’il ne viendrait pas l’année prochaine…
J’espère qu’ils changeront d’avis d’ici là.
Et si l’on regardait les chiffres ?
2025 : 10 350 participants / 225 exposants (selon le plan/données LinkedIn)
2024 : Nb de participants non disponible / 260 exposants (données LinkedIn)
2023 : 10 655 participants / 300 exposants (données LinkedIn)
2022 : 10 518 participants / Non disponible (données LinkedIn)
Les chiffres montrent une stabilité relative du nombre de participants, mais une baisse significative du nombre d'exposants. L'impression d'un salon "vide" s'explique probablement par le fait que beaucoup de visiteurs ne restent qu'une journée au lieu de deux.
Pour mieux évaluer la situation, il serait nécessaire d'avoir les données sur les deux jours. En effet, il y a une grande différence entre avoir 5 000 personnes chaque jour (soit 10 000 au total) et avoir 10 000 visiteurs présents simultanément sur les deux jours.
Le salon BIMWorld risque-t-il de se transformer en un événement réservé aux passionnés de technologie ? Cette évolution est-elle uniquement liée à la crise immobilière actuelle ?
Le terme "crise" était effectivement sur toutes les lèvres, des acteurs les plus importants aux plus modestes.
La baisse des projets rend la période actuelle compliquée. Cette situation entraîne une diminution des investissements en recherche et développement et donc il est difficile pour les sociétés de proposer de nouvelles fonctionnalités.
Parmi les acteurs présents, on notait quand même quelques nouveautés.
L'IA, par exemple, se faisait plus discrète au salon. Plusieurs éditeurs affichaient la même position :
"L'IA ? En cours de développement. Nous testons et déploierons une fois stable."
Cette attitude reflète-t-elle une simple prudence et une maturité face aux retours d'expériences sur le déploiement du BIM ? Ou cache-t-elle plutôt des contraintes financières freinant le développement ?
À chacun de se forger sa propre opinion.
Le salon et le secteur ont-ils atteint leur pleine maturité ?
Le secteur a mûri au cours des dix dernières années, fournissant de précieux retours d'expérience. Cela ne fait aucun doute. Ces retours permettent d'évaluer les usages concrets des projets, au-delà des promesses marketing.
Cette maturité favorise également les partenariats entre éditeurs. Ces collaborations créent des synergies et optimisent le temps des utilisateurs.
J'ai assisté à la présentation de mon ami Lionel Perrin de Sogelink. Il a exposé, en collaboration avec BIM&Co (éditeur de la solution Onfly mentionnée dans cette newsletter), le partenariat entre leurs solutions respectives.
Dans le contexte du BIM et du numérique, qui évolue constamment malgré la crise, les partenariats et les convergences technologiques entre éditeurs s'avèrent très bénéfiques pour notre secteur.
Ces alliances, souvent annoncées en grande pompe lors de conférences, promettent de révolutionner faire évoluer notre façon de travailler. Elles renforcent, c’est vrai, l'interopérabilité des systèmes, créant des ponts invisibles mais robustes entre des plateformes autrefois isolées.
C'est précisément là que réside le véritable enjeu de notre secteur, un défi aussi colossal qu'urgent. Chaque jour, nos systèmes produisent des téraoctets de données.
Pourtant, jusqu'à présent, chaque migration d’un client à un autre s'apparentait à un cataclysme pour l'utilisateur final.
Celui-ci se retrouvait contraint de tout reconstruire, tel Sisyphe condamné à rouler éternellement son rocher, perdant un temps précieux et une énergie considérable à recréer ce qui existait déjà.
Cette réalité est la nôtre aujourd'hui, et j'espère que cette ère sera bientôt révolue. Au passage, ça nous évitera de bricoler des solutions dans Dynamo, en C# ou en Python.
Qui apprécie de recommencer une tâche déjà réalisée par un autre membre de l'équipe ?
Un salon plus traditionnel qu'on ne le pense
Il y a un point qui m’étonnera toujours sur ce salon, ce sont les petites choses qui se font toujours à l’ancienne.
Le vestiaire à l’entrée du salon : Vous déposez vos vêtements/bagages contre un ticket papier et payable en monnaie.
Ça annonce clairement la couleur ! Si un organisateur du BIMWorld lit cette newsletter, j'aimerais lui faire une requête : pourriez-vous faire en sorte que je n'aie plus à me demander avant d'arriver au salon si j'ai de la monnaie ou si je vais devoir transporter mon bagage toute la journée ?
Vous pouvez utiliser des applications comme :
Hangers.io (QR code) et qui permet l'enregistrement en ligne du vestiaire, la prise de photo des articles,le rangement sur convoyeur et des caisses enregistreuses.
CoatCheckPermet aux clients de payer numériquement pour le vestiaire via une application mobile.Les articles sont enregistrés sous le nom, numéro de téléphone ou email du client, évitant les pertes de tickets. Et des fonctionnalités comme le paiement par carte bancaire, la gestion via Passbook, et l'identification rapide grâce à Touch ID.
Les prospectus : La communication du 20ème siècle.
En 2025, les prospectus papier devraient disparaître des stands. Ils finissent inévitablement à la poubelle. On pourrait mieux exploiter les QR codes que nous portons autour du cou.
Je pense que BIMWorld 2026 devrait offrir une véritable expérience client de bout en bout. Avec tous ces experts présents au salon, il y a de quoi imaginer des choses !
Par exemple, j'aimerais recevoir un mail récapitulatif ou un résumé de la solution à chaque scan du QR code de mon badge. Ça m'aiderait à ne rien oublier des stands que j’ai visités.
De plus, des notifications personnalisées seraient super utiles. Par exemple : "Hey Rémy ! La conférence de Bob commence dans 15 minutes. Prends un café et installe-toi, ça va être génial ! On va découvrir plein de choses intéressantes."
Cela manque aussi d’évènement plus “récréatif” comme :
Concours de modélisation sur différents logiciels avec des récompenses à gagner
Jeux et animations pour créer une ambiance sympathique
Concours de codage de plug-in
Lâcher de ballons pour célébrer les 10 ans ?
Heureusement, on avait la porte des étoiles cette année !
Bientôt une expérience plus immersive ?
Les conférences : BIMwashing ou vrai retour d’expériences ?
Je n'ai participé à aucune conférence cette année.
Principalement pour deux raisons :
1/ J'ai passé une journée à BIMWorld, le temps était limité pour assister à toutes les conférences et rencontrer chacun de vous. Cette année, j'ai donc décidé de me concentrer sur le réseautage.
2/ Une grande partie des conférences sont des endroits assez “BIMWashing”. Sérieusement, qui va dire devant 100 personnes que le projet, c’est mal passé, que le sous-traitant est pas capable de s’autocontrôler avant de vous envoyer les livrables ? Mais qu’en même temps, vous le payez une misère.
Personne !
Pourtant, c’est du vécu !
Les conférences embellissent (trop) souvent la réalité des projets.
On aime les belles histoires, c’est vrai.
Cependant, cette pratique ne contribue pas à l'amélioration du secteur.
Attention, je ne dis pas que toutes les conférences sont ainsi !
Ce que j’aime, c’est entendre la réalité du terrain et COMMENT la difficulté a été résolue.
Par exemple : Un de nos sous-traitants accusait systématiquement du retard dans la livraison du projet. Après discussion, nous avons compris que nous avions sous-estimé la complexité du projet et du cahier des charges. En examinant ce dernier ensemble, nous avons identifié des prescriptions contradictoires.
Nous avons donc revu l'ensemble du corpus documentaire. Bien que celui-ci ait pris du retard, nous progressons désormais plus efficacement et dans une ambiance plus sereine.
C'est nettement plus intéressant comme ça !
Je crois que les participants au salon ont tous un petit côté passionné de technologie. Malgré cet attrait pour l'innovation, nous restons attachés aux réalités concrètes car nous sommes confrontés à des défis pratiques sur le terrain.
Un salon de Geek ?
En début de cette newsletter, je me demandais si le salon était un salon pour les geeks et par les geeks.
Chacun se forgera sa propre idée sur le sujet mais cette image m’a bien fait rire.
Et avouez, il n’y a que des geeks pour comprendre la référence des Siths…
AMO BIM : Absents du Salon ?
J'ai remarqué encore cette année, l'absence des stands des principaux AMO BIM du marché. Ils se trouvaient, par contre, dans les allées du salon.
Une tendance se dessine depuis 1 à 2 ans : les acteurs historiques de l'AMO BIM s'effacent au profit d'éditeurs de logiciels qui se mettent à proposer eux aussi des services qui sont parfois plus complémentaires.
De même, plusieurs acteurs de l'AMO ou du BIM Management se diversifient, notamment vers l'AMO digital/Smart Building ou l’AMO Hors-site/Réemploi.
Cette évolution du marché est intéressante à suivre.
La tendance principale n'est pas celle-ci, ni les jumeaux numériques. C'est plutôt l'évolution du secteur de la construction vers l'industrialisation.
L’industrialisation de la construction
Oui, la vraie tendance du salon (selon mon prisme bien sûr), c’est l’industrialisation de la construction. Bien sûr, Dassault Systems et Autodesk étaient très présents sur le salon et les deux éditeurs sont très actifs sur le sujet.
L'industrialisation de la construction implique la standardisation des données. En examinant cet aspect, on constate que des entreprises comme Solibri, BIM&Co, BlocToBuild et Arkance pour ne citer qu’eux se concentrent sur l'optimisation des processus et la standardisation dans le secteur du bâtiment.
Dans les allées du salon, les jumeaux numériques sont rarement évoqués. En revanche, la préfabrication, la construction modulaire et l'industrialisation des processus sont des sujets largement abordés, ainsi que les enjeux qui les entourent.
J'ai d'ailleurs assisté à une présentation très intéressante sur le stand d'Autodesk. Cela prouve qu'après une décennie d'utilisation des outils de cet éditeur, il reste encore beaucoup à découvrir pour moi.
Autodesk : Un outil interopérable pour les dominer tous
Lors de ma visite au stand Autodesk, j'ai eu l'occasion de discuter avec mon ancien collègue Marco Montano. Un détail m'a particulièrement frappé : j'ai remarqué qu'il y avait en moyenne deux représentants commerciaux pour chaque client présent.
Ce n'est pas la crise pour tout le monde !
Bref.
La démonstration a présenté un nouveau module permettant d'assurer la continuité bidirectionnelle des données entre des formats spécifiques aux industriels (OBJ, STL et autres)entre Inventor et Revit.
Cette solution m'a vraiment impressionné car elle offre un vrai gain de temps pour les acteurs de la construction hors-site.
C’est à mon avis un outil d’interopérabilité pour dominer l’ensemble de la chaîne de la donnée bâtimentaire.
Je prévois de présenter ce module dans une prochaine newsletter, vous me direz ce que vous en pensez.
Carbone : Un élément si discret pourtant au cœur de tous les débats
J'ai été étonné du peu de discussions sur le carbone et le BIM, malgré l'importance cruciale de la RE2020 pour le secteur du bâtiment. Cette réglementation exige une mesure précise de l'empreinte carbone de chaque construction, au kilogramme près.
Pendant le salon, j'ai discuté avec Camille Vivien, fondateur de Time to Beem, l'une des rares solutions dédiées au carbone. Je vous présenterai bientôt cet outil dans cette newsletter.
Camille m'a partagé une information intéressante sur le développement de leur solution et la standardisation des codes pour les objets et équipements des bâtiments.
Alors que depuis des années, les AMO, MOA et autres acteurs proposent leurs propres systèmes de codification, Time to Beem s'est appuyé sur une norme de codification existante et réglementaire : celle des réglementations thermiques et environnementales.
Parfois, on se complique la vie mais la solution existe déjà.
Le réseau : véritable valeur du salon
Le salon ne m'a vraiment pas impressionné cette année, comme vous pouviez vous y attendre.
Je pense que mes attentes augmentent. Comme je le disais à Anthony Carta : on dirait bien qu'on prend de l'âge^^
Mais en réalité, le salon n’est-il pas l’endroit pour se rencontrer physiquement, pour échanger et faire du réseau en dehors des réseaux sociaux ?
N’est pas la vraie valeur de ce salon ?
Je le pense, car les meilleures discussions sont celles que vous aurez dans les allées du salon.
J’en profite pour remercier Cyriaque Rios, Anthony CARTA , Remy MAURCOT, Lionel Perrin, Baptiste Mullie, Marco Sebastian Montano-Paez, Balthazar Céméli, Imad Bouhmouch, Nicolas SAOUAS, Vincent BORIN, Alae Benjelloun, Rami Chetoui, Antoine Nguyen, Arnaud Métais, Louis Gravier et bien d’autres que j’ai croisé sur le BIMWorld.
C’est avec eux que j’ai eu les échanges les plus intéressants de ce salon.
D’ailleurs, que pense la communauté du BIM sur LinkedIn de ce salon ?
Chacun à sa propre perception et je crois que l’adage dit aussi : On râle chaque année mais on est là l’année suivante.
Verdict du BIMWorld 2025 ?
Un salon autrefois prestigieux, dont l'éclat semble s'estomper progressivement. Les allées, jadis bondées, semblent moins animées cette année. L'atmosphère, auparavant électrique, paraît désormais plus feutrée. Est-ce le reflet d'une crise économique qui frappe durement le secteur ? Ou peut-être le signe d'une industrie du BIM qui atteint sa maturité, perdant ainsi de son effervescence initiale ? Certains murmurent même que les innovations dans ce domaine et ses applications connexes stagnent, privant l'événement de ses habituelles révélations technologiques.
L’avenir le dira.
Pour le néophyte qui franchit pour la première fois les portes de ce microcosme, c'est une expérience enivrante. Ses yeux s'écarquillent devant les stands colorés, les écrans géants affichant des maquettes 3D vertigineuses, et l'effervescence des démonstrations en direct. Chaque allée promet une nouvelle découverte, chaque conférence ouvre des horizons insoupçonnés.
En revanche, les habitués du salon, ceux qui arpentent ces allées depuis des années, risquent de ressentir une pointe de déception.
Sommes-nous en train de devenir les vieux grincheux que nous critiquions autrefois ?
Les innovations majeures se font plus rares, les discours semblent se répéter. Pourtant, pour qui sait chercher, des pépites subsistent. Dans les recoins moins fréquentés se cachent parfois des acteurs, de petites entreprises innovantes, des start-ups audacieuses, ou des conférenciers passionnés qui font encore vibrer le cœur du secteur.
Au final, ce salon reste un carrefour d'échanges et d'opportunités. Que l'on soit novice émerveillé ou expert aguerri, l'essentiel réside dans la capacité de chacun à y dénicher sa propre source d'inspiration, son réseau professionnel, ou simplement la satisfaction d'appartenir à cette communauté en constante (r)évolution.
Rendez-vous les 1 & 2 avril 2026 pour une nouvelle édition !
Bonne journée à tous et à la semaine prochaine pour le plein d’informations.
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Je suis Rémy Navarro, directeur de projet, fondateur de Tomorrowland, un média dédié à l'innovation et à la technologie dans le secteur du bâtiment. En parallèle, j'ai créé une société de services numériques qui accompagne les entreprises du secteur de la construction dans leur transformation digitale.
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